Histoire & Architecture

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Contexte historique

Située, pour les uns, aux confins du Poitou et de l'Anjou, pour les autres, au carrefour des départements des Deux-Sèvres, de la Vendée, du Maine et Loire, pour d'autres enfin, au cœur de la "Vendée militaire", la Blandinière se trouve en fait, comme le dit si bien André Laurentin, dans le Haut Bocage, cet ensemble de collines granitiques, issues du plissement hercynien, traversée par la Sèvre nantaise.

L'époque de la construction de La Blandinière reste un sujet de controverse qui la fait aller du temps de Jeanne d'Arc (1412-1431), au début du XVIIème, en passant par le premier ou le dernier quart du XVIème siècle ! En réalité, comme le laisse penser une des cheminées du premier étage, ornée de deux colonnes doriques à cannelures, si le logis proprement dit paraît avoir été édifié au début du XVIème siècle, mais dans le style du XVème siècle, les extérieurs semblent être plus tardifs, peut-être de la fin du XVIème siècle, au temps où les guerres de religion, incitent les seigneurs, surtout huguenots, bientôt en majorité dans la région, à renouer avec l'architecture défensive. Ils entourent donc leur gentilhommière de douves, d'enceintes, de tours, de poternes, d'échauguettes, de bouches à feu, de mâchicoulis, de souterrains ... car il leur faut se défendre, loger des troupes et stocker des armes. 

L'ignorer entraîne souvent des confusions chez le visiteur ou l'historien qui se croient au XIVème ou XVème siècle alors qu'ils sont devant des constructions défensives de la fin du XVIème, voire de la première moitié du XVIIème siècle ! Ainsi, à La Blandinière, les parties qui paraissent les plus anciennes, comme le porche septentrional et les meurtrières qui l'entourent, pourraient bien être les plus récentes ! 

Architecture générale des bâtiments

La Blandinière se compose d'un ensemble de bâtiments et de constructions répartis autour d'une cour carrée, la cour d'honneur. On y accède après avoir franchi le "pont dormant" enjambant un fossé, être passé par le porche d'entrée, composé d'une porte cochère et d'une porte piétonnière, puis sous un passage voûté. Le logis, flanqué d'une imposante demi tour polygonale, en "hors d'œuvre", apparaît alors, face aux dépendances. Sur la droite du porche d'entrée s'ouvre la chapelle et en surplomb se trouve une loggia communiquant d'ailleurs avec la tribune de la chapelle. L'accès au premier étage des communs se fait par un plan incliné couvert qui remplace avantageusement l'escalier primitif.

Les côtés Ouest et Est de la cour sont fermés par de longues courtines dont celle de l'Ouest est coiffée d'un chemin de ronde accessible par la longue rampe droite couverte. Deux portes percent cette même courtine. Elles ouvraient sur une seconde cour, ou basse-cour, maintenant ouverte, à vocation économique, sur laquelle donnaient les écuries, les étables, les porcheries et différents magasins et greniers. Les portes qui ménageaient un passage sur la cour des servitudes sont protégées, depuis le chemin de ronde, par des mâchicoulis.

Au nord de la basse-cour, existe un autre porche, également ouvert d'une porte charretière et d'une porte piétonnière. Son agencement, les trous de réception des flèches et les feuillures notamment, laisse penser qu'il était précédé d'un pont-levis. Il s'agit, en fait, de l'ancienne entrée, avant que la route de La Chapelle Largeau ne soit ouverte à la fin du siècle dernier. Elle donne sur la levée d'un étang débouchant sur le chemin qui va de la route de Moulins aux Rochers de Pyrôme. Ce second porche, qui donne maintenant sur un "pont dormant", est construit en pierres de taille, et non en moellons, et est orné du blason des Pontlevoy. Il aurait été autrefois recouvert d'un revêtement de plomb que les Vendéens auraient transporté à Fontenay-le-Comte pour le fondre et le transformer en balles.

A l'Est, enfin, sans doute un jardin clos recevait un pigeonnier rond et était ceinturé de murs dont les restes comportent encore des traces d'ouvertures.

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La chapelle et sa loggia

Le plan de la chapelle est simple. La nef se compose de deux travées identiques et précède un chœur peu profond, à trois pans coupés, orienté à l'Est. Un demi-transept s'étend vers le Nord élargissant ainsi l'espace liturgique. La chapelle est abondamment éclairée par trois hautes baies en ogive ouvrant, au Nord, le demi-transept, à l'Est, le chevet et, au Sud, le mur de la première travée. Ces ouvertures présentent un remplage de granit très ouvragé, composé de deux ogives lancéolées surmontées d'une rose. Malheureusement, seule la fenêtre Sud, restaurée au cours du siècle, témoigne de l'aspect originel. L'épaisseur des murs et l'existence de trois contreforts saillants, trahissent le voûtement de cet édifice de petites dimensions (11 m x 8 m ) et, de fait, les voûtes portent leurs clés à environ 7 m du sol. Elles sont bien conservées et présentent des nervures compliquées. Le portail d'entrée présente des moulurations finement travaillées, un cordon torsadé, et une voûte reprenant le dessin et le profil de celles de nef.

A l'intérieur de la chapelle, surplombant l'entrée, s'ouvre une tribune également voûtée. Son accès se fait par un petit escalier en vis dont l'entrée est ménagée sur le côté Nord de l'ébrasure du portail et qui permet d'atteindre également la loggia, les salles de défense, surmontant le porche d'entrée, et les combles de la chapelle.

La loggia, largement ouverte, est dallée de carreaux de terre cuite et couverte d'un toit en pente douce. Son attrait réside dans l'intérêt porté au décor. L'arc de la baie Nord présente à sa base des moulurations ainsi qu'un motif géométrique sculpté. La baie géminée Ouest est composée de deux arcs en anse de panier séparés par une colonne monolithe surmontée d'un chapiteau sculpté de motifs végétaux entrelacés. 
Les combles de la chapelle abritent une belle charpente en berceau ogival. La qualité du travail ainsi que les marques des tâcherons que l'on observe sur quelques poutres font de cet ouvrage une référence et un précieux témoin du savoir-faire des anciens charpentiers.

La chapelle, enfin, abrite deux plates-tombes en granit sculpté, l'une au nom de Françoise de Broc, décédée le 17 may 1609, l'autre à celui de Loys de Pontlevoy, décédé le 6 octobre 1697.

Le logis

L'élément le plus intéressant est, assurément, la demi-tour polygonale de 50 pieds d'élévation (16, 66 m), flanquée dans l'angle ouest d'une tourelle en encorbellement, sur console moulurée, abritant un escalier en vis, éclairé de six baies et desservant les pièces du second étage. La porte d'entrée, placée du côté Est, est ornée d'une ogive à crochets, surmontée d'un panache, et de pilastres en application terminés par de fines aiguilles sculptées. Elle permet d'accéder au vaste escalier tournant de 27 marches qui débouche sur un palier distribuant les pièces d'honneur et la tourelle en encorbellement. Il est recouvert d'une voûte avec retombée centrale sur une pile ronde, ou "palmier", reposant sur l'extrémité du garde-corps du palier en granit. Cet étage de voûte est surmonté de deux pièces avec cheminée auxquelles on accède par l'escalier de la tourelle. La première pièce, au premier étage de comble, comporte un plafond à solives, tandis que la seconde, au deuxième étage de comble, est recouverte d'une voûte et sa cheminée est agrémentée de quelques coquilles.

Le logis s'élève sur un niveau de caves, un rez-de-chaussée, un étage noble et deux étages de comble. L'étage noble est éclairé par deux baies et le premier étage de comble par deux lucarnes dont les fenêtres sont à croisée de meneaux et qui encadrent une lucarne à simple traverse. Elles ont toutes trois des pignons dont les rampants sont ornés de crochets. La division intérieure est très simple : chaque niveau étant occupé par deux salles séparées par un mur de refend : au sous-sol, deux caves voûtées en berceau plein cintre avec un arc doubleau, au rez-de-chaussée, deux salles voûtée en berceau (la salle des gardes et les anciennes cuisines) avec cheminée engagée sur chaque mur pignon (celle des cuisines comportant un four à pain et un four à pâtisserie), au premier étage, deux pièces sous plafond à solives avec cheminée, au premier étage de comble, deux pièces sous plafond avec cheminée, séparées par un couloir voûté d'un berceau brisé, et enfin les combles divisés en deux par le mur de refend.

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